Vu en 2015
La Sonnambula de Bellini
Prinzregententheater, Munich, octobre 2015
Direction musicale: Marco Comin
Mise en scène: Michael Sturminger
Amina: Jennifer O’Loughlin
Elvino: Arthur Espiritu
Lisa: Maria Nazarova
Comte Rodolfo: Maxim Kuzmin-Karavaev
Teresa: Anna Agathonos
Magnifique découverte que cette salle, originellement dédiée à la représentation des opéras de Richard Wagner! Inspiré du Palais des Festivals de Bayreuth, le Théâtre du Prince-Régent de Munich accueille la programmation du Gärtner Platz Theater.
Une Somnambule qui atteint la perfection sans prétention aucune : mise en scène délicieuse, orchestre efficace, excellents chanteurs… L’opéra sans complication ni explication, ça fait du bien de temps en temps!
Aida de Verdi
Bayerische Staatsoper, Munich, octobre 2015
Direction musicale: Dan Ettinger
Mise en scène: Christof Nel
Aida: Krassimira Stoyanova
Radames: Jonas Kaufmann
Amneris: Anna Smirnova
Amonasro: Franco Vassallo
Ramfis: Ain Anger
Tout ce qu’on attend d’une production d’Aida. Deux rivales qui se disputent le coeur d’un homme, d’autant plus qu’il s’agit de Jonas Kaufmann (pour sa prise de rôle le ténor munichois nous a offert toutes les couleurs de sa voix). La mise en scène puriste mais en accord avec le contexte prouve qu’on peut réinventer l’Egypte ancienne sans tomber dans le péplum. Orchestre magnifique, distribution à tomber, comme toujours à Munich, et pour le grand frisson, le ténébreux Ain Anger, à suivre sans tarder!
Madama Butterfly de Puccini
Opera Bastille, Paris, octobre 2015
Direction musicale: Daniele Rustioni
Mise en scène: Robert Wilson
Cio-Cio-San: Ermonela Jaho
F. B. Pinkerton: Piero Pretti
Suzuki: Annalisa Stroppa
Sharpless: Gabriele Viviani
Là encore, un revival qui tient l’affiche depuis 22 ans, et pas une ride! Influence du théâtre Nô, subtils jeux d’ombres et de lumières, costumes épurés, éclairages dignes d’un James Turrell…
De ce dépouillement total naît l’émotion, que l’on doit à la superbement émouvante Ermonella Jaho, mais aussi à la flamme, à la tension romantique du jeune chef Daniele Rustioni. Une grande soirée lyrique, un défi dans la salle inhumaine de l’Opéra Bastille!
La Traviata de Verdi
Teatro La Fenice, Venise, septembre 2015
Direction musicale: Riccardo Frizza
Mise en scène: Robert Carsen
Violetta Valéry: Francesca Dotto
Alfredo Germont: Shalva Mukeria
Giorgio Germont: Giuseppe Altomare
Superbe spectacle lyrique, plein les yeux et les oreilles! Un “revival”, puisque la production de Carsen avait été créée pour la réouverture de La Fenice en novembre 2003, après l’incendie criminel de 1996.
D’après Robert Carsen, “Il faut faire attention à ne pas embaumer les opéras. Montrer La Traviata dans des costumes contemporains, c'est respecter l'esprit de Verdi". Sa transposition de l’oeuvre à notre époque actuelle le fait brillamment.
La Cambiale di matrimonio de Rossini
Teatro La Fenice, Venise, septembre 2015
Direction musicale: Lorenzo Viotti
Mise en scène: Enzo Dara
Tobia: Omar Montanari
Fanny: Marina Bucciarelli
Edoardo Milfort: Francisco Brito
Slook: Filippo Fontana
Norton: Claudio Levantino
Clarina: Rossella Locatelli
On s’attendait aux balbutiements du tout jeune Rossini. Aucunement! La plaque commémorative dans la ruelle du Teatro San Moise (disparu aujourd’hui) le dit bien: “ C’est du Théâtre San Moise que surgit, le soir du 3 novembre 1810, le génie d’un Gioacchino Rossini de dix-huit ans avec “La Cambiale di matrimonio”, son premier opéra, poussant son envol heureux vers la gloire immortelle”. Quel découverte, quelle émotion!
Anna Netrebko & Yusif Eyvazov
Beiteddine Festival, Liban, août 2015
Direction musicale: Marco Boemi
Filarmonica Gioachino Rossini
Concert grand public donné par la Netrebko et son fiancé Yusif. Que dire d’autre? Que leur mariage devrait être solennellement célébré le 29 décembre prochain au Palais du Belvédère à Vienne.
Lucia di Lammermoor de Donizetti
Opera di Firenze, Florence, septembre 2015
Direction musicale: Fabrizio Maria Carminiati
Mise en scène: Graham Vick
Lucia: Jessica Pratt
Edgardo: Jean-François Borras
Enrico: Julian Kim
Arturo: Emanuele D’Aguanno
Raimondo: Riccardo Zanellato
Normanno: Saviero Bambi
Alisa: Simona Di Capua
Peu de sopranos chantent le rôle-titre avec la fraîcheur et la crédibilité d’une jeune fille au désespoir comme Jessica Pratt… Et plus encore, puisqu’elle possède des aigus aisés, des coloratures irréelles, de magnifiques crescendi et diminuendi!
Vue et revue, la production de Graham Vick résiste parfaitement à l’usure depuis près de vingt ans, toujours simple et efficace. Public florentin (très averti) en délire!
Tosca de Puccini
Teatro La Fenice, Venise, septembre 2015
Direction musicale: Riccardo Frizza
Mise en scène: Serena Sinigaglia
Tosca: Svetlana Kasyan
Mario Cavaradossi: Mario Malagnini
Scarpia: Angelo Veccia
Franchement décevante, cette Tosca. Distribution moyenne d’accord, mais on espérait plus de Svetlana Kasyan qui avait été si émouvante sur la même scène en Cio-Cio-San. Elle n’a pas la présence dramatique d’une Tosca, ni le pathos, ni, ni, ni…
Quand à la mise en scène, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?
Quatuor Modigliani
Festival International de Baalbeck, Liban, août 2015
Mozart / Haydn / Beethoven
Quatre garcons dans le vent (et dans les cordes!), tous français, nous ont donné leur version du quatuor en ré mineur de Mozart, du quatuor en si bémol majeur de Haydn et du quatuor en do mineur de Beethoven. Leur complicité se voit et s’entend, qui provient de leur cheminement ensemble, depuis le conservatoire jusqu’aux salles de concert les plus prestigieuses…
Aida de Verdi
Arena di Verona Opera Festival, août 2015
Direction musicale: Andrea Battistoni
Mise en scène: Franco Zeffirelli
Aida: Amarilli Nizza
Radames: Gregory Kunde
Amneris: Sanja Anastasia
Amonasro: Marco Vratogna
Ramfis: Marco Spotti
Mise en scène péplum de Franco Zeffirelli, kitch à souhait, aux décors sortis tout droit d’Astérix. Une scène surpeuplée de choristes, danseurs et figurants. Vérone c’est Vérone…
Mais aussi, Gregory Kunde au chant incisif et au beau phrasé; Marco Vratogna, baryton verdien talentueux; Marco Spotti, aux graves imposants. Du côté des femmes, Sanja Anastasia a campé une Amneris en extrême fureur. Quand au rôle titre, Amarilli Nizza a peiné tout au long de la soirée, avec un léger mieux après le délicat “Air du Nil”…
Adriana Lecouvreur de Cilea
Opéra Bastille, Paris, juillet 2015
Direction musicale: Daniel Oren
Mise en scène: David McVicar
Adriana: Angela Gheorghiu
Maurizio: Marcelo Àlvarez
Princesse de Bouillon: Luciana D’Intino
Michonnet: Alessandro Corbelli
Prince de Bouillon: Wojtek Smilek
L’Abbé de Chazeuil: Raùl Giménez
Une des dernières soirées de la saison… Marcelo Alvarez incarne un excitant Maurizio au magnifique legato et aux aigus brillants. Luciana D’Intino, sombre mezzo, aussi bien que grande actrice, rappelle Fiorenza Cossotto à son apogée.
Tous deux ont ravi la vedette à la diva du jour, Angela Gheorghiu, franchement inaudible sur la scène de l’Opéra Bastille. Peut-être se gardait-elle pour l’air final, “Poveri fiori”? Mais même là, il a fallu tendre l’oreille pour apprécier ses beaux pianissimi et son souffle infini…
Concert lyrique Juan Diego Flórez
Beiteddine Festival, Liban, juillet 2015
Soprano invitée: Joyce El Khoury
Direction musicale: Christopher Franklin
Orchestre: Filarmonica Gioachino Rossini
Une bonne soirée grand public au charme estival. L’indétrônable ténor léger Juan Diego Flórez nous a régalé de sa voix et de sa belle dentition et la jeune Joyce El Khoury a bien mérité de partager l’affiche cette soirée. Pour ceux qu’elle a conquis, elle chantera Musetta cet hiver à Munich.
Die Entführung aus dem Serail de Mozart
Théâtre de l’Archevêché, Aix-en-Provence, Juillet 2015
Direction musicale: Jérémie Rhorer
Mise en scène: Martin Kusej
Konstanze: Jane Archibald
Belmonte: Daniel Behle
Selim Bassa: Tobias Moretti
Osmin: Franz-Joseph Selig
Blonde: Rachele Gilmore
Pedrillo: David Portillo
On n’a pas fini de parler de cet Enlèvement! Martin Kusej récrit simplement le livret et transpose l’action en plein désert dans un camp de djihadistes, où un européen tente de sauver sa fiancée des griffes des méchants… Deux scènes “intolérables” ont été coupées à la demande de Bernard Foccroulle, directeur du Festival.
En dépit de certaines resérves, on retiendra des images saisissantes, la justesse des prestations vocales et l’élégance de la direction de Jérémie Rhorer.
Mozart aussi est Charlie!
Film Music Gala
Albert Hall, Londres, juin 2015
Un bouquet des musiques de film les plus phénoménales, les bandes originales des grands succès du box-office d’Hollywood, performées par Le Royal Philharmonic Orchestra. Succès annuel à voir au moins une fois: extravagant!!!
Die Zauberflöte de Mozart
Opéra Bastille, Paris, juin 2015
Direction musicale: Patrick Lange
Mise en scène: Robert Carsen
Tamino: Julien Behr
Pamina: Camilla Tilling
Queen of the night: Anna Siminska
Papageno: Bjorn Bürger
Sarastro: Dimitry Ivaschenko
Monostatos: Michael Laurenz
Papagena: Norma Nahoun
Créée à Baden-Baden en 2014, la mise en scène contemporaine de Carsen met en avant les rites maçonniques et le manichéisme de l’oeuvre: la lumière contre les ténèbres, le blanc contre le noir, et bien sûr, la connaissance contre l’obscurantisme.
Une équipe vocale merveilleusement mozartienne: l’excellent ténor français Julien Behr, la soprano suédoise Camilla Tilling au timbre clair et charmeur, l’imposant Dimitry Ivaschenko et le Papageno du jour, Bjorn Bürger, très très très applaudi.
La Belle Hélène d’Offenbach
Théâtre du Châtelet, Paris, juin 2015
Direction musicale: Lorenzo Viotti
Mise en scène et vidéo: Giorgio Barbieri Corsetti et Pierrick Sorin
Hélène: Gaëlle Arquez
Pâris: Merto Sungu
Ménélas: Gilles Ragon
Agamemnon: Marc Barrard
Calchas: Jean-Philippe Calfon
Oreste: Kangmin Justin Kim
Achille; Mark van Arsdale
Comme il l’avait fait avec La Pietra del paragone de Rossini, le tandem Sorin et Corsetti a revisité l’opéra bouffe d’Offenbach, avec un dispositif de caméras qui filment les chanteurs en gros plan et la diffusion d’images simultanées sur les écrans derrière eux.
Autant d’anachronismes que d’astuces, nous offrant une version high-tech et une soirée absolument ébouriffante!
Parsifal de Wagner
Staatsoper im Schiller, Berlin, avril 2015
Direction musicale: Daniel Barenboim
Mise en scène: Dmitri Tcherniakov
Parsifal: Andreas Schager
Amfortas: Wolfgang Koch
Titurel: Matthias Hölle
Gurnemanz: René Pape
Klingsor: Tómas Tómasson
Kundry: Anja Kampe
En démistifiant Parsifal, en lui ôtant son caractère magique, l’iconoclaste Dmitri Tcherniakov laisse la place à une réflexion purement humaine.
Cette perception émotionnelle est renforcée par la direction de Daniel Barenboim, si lente que les chanteurs et les musiciens luttent pour atteindre la fin de leurs phrases, mais si passionnée et intense qu’elle se détourne de l’intellect et touche droit au coeur. Retenez le nom du ténor, Andreas Schager, à suivre sans délai.
La Damnation de Faust de Berlioz
Berliner Philharmoniker, Berlin, avril 2015
(Version de concert)
Direction musicale: Sir Simon Rattle
Faust: Charles Castronovo
Marguerite: Joyce DiDonato
Méphistophélès: Ludovic Tézier
Brander: Florian Boesch
“Légende dramatique” selon son auteur, difficile à mettre en scène, La Damnation est justement sauvée par la version de concert, d’autant plus dans le cadre exceptionnel de la Philharmonie et sous la direction de Sir Simon Rattle.
Un degré d’excellence rarement atteint, grâce aussi au trio d’interprètes: Joyce DiDonato, au chant intense et lié ; Charles Castronovo, au timbre élégant. Et l’irrésistible Ludovic Tézier en Méphisto. Pour lui, je vendrais mon âme au diable…
Tosca de Puccini
Arena di Verona Opera Festival, août 2015
Direction musicale: Julian Kovatchev
Mise en scène: Hugo de Ana
Tosca: Elena Rossi
Mario Cavaradossi: Marco Berti
Scarpia: Ambrogio Maestri
La mise en scène monumentale de l’argentin Hugo de Ana s’inscrivait pourtant bien sur cette scène immense. Mais avec une Elena Rossi inégale et un Marco Berti chantant faux comme à son habitude, rien ne pouvait sauver Puccini du naufrage, sauf peut-être Ambrogio Maestri, remarquable et imposant Scarpia!
Impossible d’entrer dans le jeu de cette Tosca… Les 40 degrés dans les arènes devaient y être pour quelque chose.
Falstaff de Verdi
Royal Opera House, Londres, juillet 2015
Direction musicale: Michael Schonwandt
Mise en scène: Robert Carsen
Sir John Falstaff : Ambrogio Maestri
Alice Ford: Ainhoa Arteta
Meg Page: Kai Rüütel
Ford: Roland Wood
Nanetta: Anna Devin
Fenton : Luis Gomez
Mrs Quickly : Agnes Zwierko
La soirée parfaite, comme (presque) toujours au Covent Garden de Londres…
La mise en scène est une co-production qui fait le tour du monde, à suivre donc: R.O.H, La Scala, Metropolitan Opera, Canadian Opera Company, Dutch National Opera.
Ambrogio Maestri EST Falstaff. Difficile d’incarner ce rôle avec autant d’humour et d’élégance. Et quelle diction, quel timbre!!!
Concert Symphonique Brahms / Dvorak
Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence, Juillet 2015
Direction musicale: Sir Simon Rattle
Orchestre: London Symphony Orchestra
Piano: Krystian Zimerman
Un concert-choc! Dans son interprétation du Concerto pour piano No 1 en ré mineur de Brahms, Krystian Zimerman a combiné perfection technique et énergie éléctrisante. Pour info, il évite les feux de la rampe et ne se déplace pas sans SON Steinway!
En deuxième partie, Le Rouet d’or et La Colombe sauvage, deux poèmes symphoniques de Dvorak, que Rattle et l’orchestre ont portés avec de somptueuses couleurs et un panache époustouflant.
Hommage au Festival de Baalbeck
Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en- Provence, Juillet 2015
Piano: Abdel Rahman El Bacha / Simon Ghraichy
Chant: Fadia Tomb El-Haje
Percussions: Claudio Bettinelli
A l’occasion de la 60ème édition du Festival de Baalbeck, le Festival d’Aix-en-Provence a rendu hommage au festival libanais à travers une soirée qui a mêlé les compositions de Béchara El-Khoury, Naji Hakim, Zad Moultaka, Ghadi Rahbani et Gabriel Yared aux textes d’Adonis, Etel Adnan, Talal Haydar, Issa Makhlouf, Wajdi Mouawad, Salah Stétié et Nadia Tuéni. Au piano, Abdel Rahman El Bacha et Simon Ghraichy et pour la prestation vocale Fadia Tomb El-Haje.
Une initiative fortement symbolique pour le festival du pays du cèdre, repris le 31 juillet à Baalbeck même, sur les marches du Temple de Bacchus…
Carmen de Bizet
Glyndebourne Festival, UK, Juin 2015
Direction musicale: Jakub Hrusa
Mise en scène: David McVicar
Carmen: Stéphanie d’Oustrac
Don José: Pavel Cernoch
Micaëla: Lucy Crowe
Escamillo: David Soar
Zuniga: Simon Lim
C’est un “revival” de la production de 2002, exotique et réaliste à la fois.
La Carmen de Stéphanie d’Oustrac est un mélange de dignité, d’intelligence et de pouvoir sexuel. Née pour jouer Carmen, captivante de la première à la dernière scène, dominant la scène à chacune de ses apparitions. Cela ne nous fera pas oublier la soprano anglaise Lucy Crowe, magnifique en Micaëla. Les hommes sont, quand à eux, réduits à des objets de désir…
Alceste de Gluck
Opéra Garnier, Paris, juin 2015
Direction musicale: Sébastien Rouland
Mise en scène: Olivier Py
Alceste: Véronique Gens
Admète: Stanislas de Barbeyrac
Evandre: Manuel Nunez Camelino
Le Grand Prêtre / Hercule: Stéphane Degout
Apollon: Tomislav Lavoie
Olivier Py signe une mise en scène sobre et esthétique. Sur un fond noir, quatre dessinateurs exécutent à la craie un décor qui prend vie sous nos yeux pour disparaître à la scène suivante.
Un spectacle cohérent, parfaitement abouti et admirablement interprété: l’excellent Stéphane Degout et Stanislas de Barbeyrac font honneur au chant français alors que Véronique Gens atteint la perfection comme tragédienne lyrique.
Concert symphonique
Philharmonie de Paris, juin 2015
Direction musicale: Bernard Haitink
Orchestre: London Symphony Orchestra
Violon: Alina Ibragimova
Notre première soirée à la Philharmonie de Paris!
En première partie, le Concerto pour violon No 3 de Mozart, subtilement servi par Alina Ibragimova.
Et puis la Symphonie No 1 de Mahler, lieu de méditation, réfllexion profonde sur la création… une oeuvre idéale pour apprivoiser cette salle magnifique.
Aufstieg und Fall der Stadt Mahagonny de K. Weill
Staatsoper im Schiller, Berlin, avril 2015
Direction musicale: Wayne Marshall
Mise en scène: Vincent Lemaire
Leokadja Begbick: Gabriele Schnaut
Fatty: Jonathan Winell
Trinity Moses: Tobias Schabel
Jenny Hill: Adriane Queiroz
Jim Mahoney: Christopher Ventris
Jack O’Brien: Florian Hoffmann
Fruit de la collaboration de Kurt Weill avec Bertolt Brecht, aussi typique de Berlin que le Currywurst… Métaphore du capitalisme, oeuvre interdite par les nazis, car dans la ville de Mahagonny, tout est permis. Vous reconnaîtrez sûrement “Alabama song”, chanson reprise en 1968 par les Doors.
Une nouvelle production de Vincent Lemaire, caustique, rythmée, colorée . Cerise sur le gâteau, les costumes sont de Christian Lacroix.
Parsifal de Wagner
Wiener Staatsoper, Vienne, avril 2015
Direction musicale: Adam Fischer
Mise en scène: Christine Mielitz
Parsifal: Johan Botha
Amfortas: Michael Volle
Titurel: Ryan Speedo Green
Gurnemanz: Stephen Milling
Klingsor: Boaz Daniel
Kundry: Angela Denoke
Mon deuxième Parsifal de Vienne, à un an d’intervalle, pour une bonne raison, écouter (et voir) Michael Volle en Amfortas.
La mise en scène, ni traditionnelle ni abstraite, est à la fois dans l’esprit de la pièce et celui de notre temps. Chaque scène a son ton propre, chaque acte est un voyage en soi, et avec la direction emphatique d’Adam Fischer, un magnifique “festival scénique sacré”. J’y retourne à Pâques de l’année prochaine!
Der Rosenkavalier de R. Strauss
Wiener Staatsoper, Vienne, avril 2015
Direction musicale: Adam Fischer
Mise en scène: Otto Schenk
Octavian: Elina Garanca
La Maréchale: Martina Serafin
Baron Ochs: Wolfgang Bankl
Sophie: Erin Morley
Faninal: Jochen Schmeckenbecher
Marianne: Carolin Wenborne
Vu la difficulté pour obtenir une place pour cette performance, difficile de croire que le Staatsoper de Vienne reprogrammait la mise en scène ancestrale (et mythique) d’Otto Schenk de 1968!
Mais Vienne c’est Vienne, le Chevalier à la rose en est l’emblème, et le carton-pâte rococo n’a en rien attenué l’immense talent d’Elina Garanca ou de Martina Serafin. À quand le classement au patrimoine mondial?
Pagliacci de Leoncavallo
Osterfestspiele, Salzburg, avril 2015
Direction musicale: Christian Thielemann
Mise en scène: Philipp Stölzl
Canio: Jonas Kaufmann
Nedda: Maria Agresta
Tonio: Dimitri Platanias
Silvio: Alessio Arduini
Beppe: Tansel Akzeybek
Deuxième partie de la soirée lyrique, Pagliacci, porte-flambeau et manifeste du vérisme étant traditionnellement jumelé avec Cavalleria Rusticana, de sorte à avoir été rebaptisés ensemble “Cav & Pag”.
Double début donc pour Jonas Kaufmann, passionnant, émouvant, vibrant, poignant, humain, surprenant, superbe chanteur et acteur, attendez je prends mon dictionnaire…
Concert symphonique
Osterfestspiele, Salzburg, avril 2015
Tchaikovski / Chostakovitch
Direction musicale: Daniele Gatti
Piano: Arcadi Volodos
Deuxième concert russe de la programmation, symétrique à celui de la veille, et le même orchestre confié à un autre chef.
Volodos, école russe pur jus, aborde le concerto No1 de Tchaikovski avec énergie, avec brilliant, parfois même avec brutalité.
La Symphonie No 10 de Chostakovitch est un véritable triomphe pour Daniele Gatti, tant il y a d’exigence, de raffinement et d’épaisseur dans sa vision…
Messa da Requiem de Verdi
Osterfestspiele, Salzburg, avril 2015
Direction musicale: Christian Thielemann
Soprano: Liudmyla Monastyrska
Mezzo-soprano: Anita Rachvelishvili
Ténor: Jonas Kaufmann
Basse: Ildar Abdrazakov
“Un opéra en robe d’ecclésiastique” ironisait Hans von Bülow à la création de ce Requiem… Théâtral ou religieux en somme? Verdi l’anticlérical se préoccupait peu de cette question, écrivant son Requiem pour les vivants, non pour les morts – et encore moins pour dieu…
Une distribution éblouissante, soutenue par l’excellent choeur de la Radio Bavaroise et le bel instrument qu’est la Staatskappelle de Dresde, qui à lui seul vaut le voyage.
Falstaff de Verdi
Bayerische Staatsoper, Munich, Février 2015
Direction musicale: Asher Fisch
Mise en scène: Eike Gramss
Sir John Falstaff : Ambrogio Maestri
Alice Ford: Véronique Gens
Meg Page: Gaëlle Arquez
Ford: George Petean
Nanetta: Ekaterina Siurina
Fenton : Antonio Poli
Mrs Quickly : Susanne Resmark
Les Joyeuses Commères de Winsor transportées en Ecosse, peut-être pour justifier l’usage de kilts et autres tartans, drôles de costumes qui viennent réveiller un décor rudimentaire installé sur une plateforme tournante.
Ambrogio Maestri, devenu au fil des années l’incontournable Falstaff, s’impose par sa présence physique et son énorme talent. Et la direction musicale d’Asher Fisch, on ne peut plus précise et respectueuse des chanteurs, un régal!
Il Trovatore de Verdi
Bayerische Staatsoper, Munich, Février 2015
Direction musicale: Paolo Carignani
Mise en scène: Olivier Py
Manrico: Yonghoon Lee
Leonora: Anja Harteros
Di Luna: Vitaliy Bilyy
Azucena: Anna Smirnova
Ferrando: Goran Juric
Non, la sinistre (comme à l’accoutumée) mise en scène d’Olivier Py n’a pas réussi à nous gâcher la soirée! Bien au contraire, la direction de Paolo Carignani, les voix magnifiques nous l’ont pratiquement faite oublier.
Yonghoon Lee, touchant trouvère; Anna Smirnova, sombre et intense gitane; Vitaliy Bilyy convaincant dans son énergie vengeresse, mais surtout, sutout, Anja Harteros. Son chant lié, nuancé, expressif et sa classe inimitable, nous ont transportées aux sommets du chant verdien. La reine de la scène lyrique, c’est elle.
Tristan und Isolde de Wagner
Opernhaus, Zürich, Février 2015
Direction musicale: John Fiore
Mise en scène: Claus Guth
Tristan: Stephen Gould
Isolde: Nina Stemme
Brangäne: Michelle Breedt
Kurwenal: John Lundgren
Marke: Matti Salminen
Melot: Cheyne Davidson
Claus Guth réalise une peinture de la relation extra-conjugale entre Wagner et Mathilde Wesendonk, la femme de son généreux mécène, la transformant en passion fatale entre Tristan et Isolde. L’action se situe dans la Villa Wesendonk même…
L’intensité dramatique, la flexibilité, la chaleur vocale de Nina Stemme; Stephen Gould, infatigable et héroïque d’un bout à l’autre de l’oeuvre; Matti Salminen en bonne forme vocale. Au pupitre le grand wagnérien John Fiore. En bref, une soirée pour l’éternité!
Elektra de R. Strauss
Wiener Staatsoper, Vienne, avril 2015
Direction musicale: Mikko Franck
Mise en scène: Uwe Eric Laufenberg
Elektra: Nina Stemme
Chrysothemis: Gun-Brit Barkmin
Klytämnestra: Anna Larsson
Aegisth: Norbert Ernst
Orest: Falk Struckmann
Opéra noir de Richard Strauss, rôle-titre exigeant et lourd…
Par sa stature majestueuse, Nina Stemme nous rappelle qu’Electre est une princesse, fille du roi de Mycènes Agamemnon et de Clytemnestre qui le tue avec l’aide de son amant Egisthe. Par son timbre penetrant et chaud, elle nous donne presque une impression de facilité…
La production de Laufenberg est de celles qui font battre le coeur plus vite, courez-y!
Cavalleria rusticana de Mascagni
Osterfestspiele, Salzburg, avril 2015
Direction musicale: Christian Thielemann
Mise en scène: Philipp Stölzl
Santuzza: Liudmyla Monastyrska
Turiddu: Jonas Kaufmann
Alfio: Ambrogio Maestri
Lola: Annalisa Stroppa
Lucia: Stefania Toczyska
Du vérisme italien au Festival de Pâques de Salzburg, pourquoi pas? Les débuts de Jonas Kaufmann dans le rôle, captivant, ardent. L’occasion pour Thielemann d’offrir une interprétation bouillonnante, loin du répertoire wagnérien et Straussien. Enfin la mise en scène de Stölzl: en découpant la scène en six sections, en introduisant le noir et blanc et la video il montre comment le cinéma a usurpé la place de l’opéra dans l’imaginaire populaire. Une soirée en or!
Concert symphonique
Osterfestspiele, Salzburg, avril 2015
Chostakovitch / Tchaikovski
Direction musicale: Christian Thielemann
Violon: Nikolaj Znaider
Approche analytique de Christian Thielemann dans son interprétation de la Symphonie Pathétique de Tchaikovski: une exécution parfaite (des vents magnifiques surtout), mais trop désincarnée pour correspondre à l’univers dépressif et tourmenté de l’auteur…
Quand au concerto pour violon No 1 de Chostakovitch, disons que le public a simplement été convaincu par Znaider!
Norma de Bellini
Al Bustan Festival, Liban, Février 2015
(Version de concert)
Direction musicale: Gianluca Marciano
Norma: Carmen Giannattasio
Pollione: Arturo Chacón-Cruz
Adalgisa: Nino Surguladze
Oroveso: Gocha Datusani
Clotilde: Mira Akiki
Flavio: Bechara Moufarrej
Belle surprise que cette Norma en version de concert! Carmen Giannattasio en avait chanté des extraits au concert du nouvel an à La Fenice, mais cette soirée au Bustan était celle de ses débuts dans le rôle de la druidesse gauloise. A ses côtés d’autres solistes tout aussi inspirés, avec une mention spéciale pour les deux jeunes libanais dans les rôles de Clotilde et Flavio. Bravo à Gianluca Marciano, directeur artistique et chef d’orchestre, pour l’énergie nouvelle qu’il insuffle au festival.
Lucia di Lammermoor de Donizetti
Bayerische Staatsoper, Munich, Février 2015
Direction musicale: Kirill Petrenko
Mise en scène: Barbara Wysocka
Lucia: Diana Damrau
Edgardo: Pavol Breslik
Enrico: Dalibor Jenis
Arturo: Emanuele D’Aguanno
Raimondo: Georg Zeppenfeld
Normanno: Dean Power
Alisa: Rachael Wilson
On a beaucoup parlé de cette Lucia à Munich, en raison de la mise en scène controversée de Barbara Wysocka situant l’opéra dans l’ère Kennedy aux Etats unis (James Dean et Cadillac rose à l’appui).
Mais aussi et surtout grâce à sa brillante distribution: l’émouvant Breslik, le formidable Zeppenfeld et l’incomparable Diana Damrau dont la scène de la folie, accompagnée par un harmonica de verre, restera pour très longtemps, “the talk of the town”.
Norma de Bellini
Opernhaus, Zürich, Février 2015
Direction musicale: Fabio Luisi
Mise en scène: Robert Wilson
Norma: Maria Agresta
Pollione: Marco Berti
Adalgisa: Roxana Constantinescu
Oroveso: Wenwei Zhang
Clotilde: Judith Schmid
Flavio: Dmitry Ivanchey
La nouvelle distribution donne un second souffle à la production de 2011. Probablement le rôle le plus exigeant du répertoire du Bel Canto, Norma a été superbement incarnée par Maria Agresta. Avec une certaine retenue en harmonie avec la gestuelle figée et la mise en scène épurée de Bob Wilson. Décors magnifiques, éclairage sublime rappelant les installations de James Turrell, accompagnement subtil et élégant de l’orchestre de Fabio Luisi. Un veritable rêve éveillé.